« Moi, l’évidence perdue » par Stephen Jourdain

Steve : Imaginons qu’un homme vienne vous voir et vous dise : « Je m’intéresse à La Spiritualité et je la pratique. »

Par politesse vous lui demandez stupidement : « Dans quelle direction portez-vous votre regard ? »
Il vous répond : « Dans celle de mon corps, bien sûr ! J’ausculte mes sensations corporelles. »
L’incongruité peut revêtir la forme d’un poing. Voilà un géomètre qui se prend pour un laboureur ! Le crochet au foie vous a pris par surprise et vous avez vacillé.

Suit de votre part un long silence… Reprenant difficilement vos esprits, vous avancez cette objection :
« Mais dans « spiritualité », n’y a-t-il pas essentiellement ce sens : e-s-p-r-i-t ? »
Le type vous regarde comme si vous étiez un Martien.
Il n’était jamais venu à l’esprit de cet esprit qu’il était un esprit !

Bien sûr, une telle chose n’existe pas. Pareille manifestation d’inconscience — qui ne pourrait qu’entraîner l’oubli monstrueux que l’être humain est d’abord un esprit, est d’abord le moi de son esprit — est impossible.
Je viens tout juste d’inventer cette fable pour vous distraire, pour commencer ces entretiens sur une note légère.
Mais pourquoi ne pas poursuivre sur cette lancée un court instant ?…

L’homme féru de spiritualité vous pose une question sur le corps.
« Le corps, pour vous, c’est quoi ? »

Attention, votre réponse doit être prudente, nuancée, simple. Après tout, peut-être est-ce simplement l’Innocence qui se tient devant vous…
« Vous faites allusion à ce que vous savez sur votre corps ou à la pure expérience que vous en avez ? A votre corps su ou à votre corps vécu ? »

Sans vous départir de votre volonté de faire simple tout en ne prenant pas le risque de blesser, vous ajoutez :
« Et qui vous dit que le corps n’est pas la référence au corps ? Le corps d’un côté, la référence au corps de l’autre côté, cela vous semble-t-il tenir la route ? Vous est-il arrivé de vous adresser à votre corps sans en avoir déjà formé la notion ? Sans l’avoir déjà pensé ? »

Cet homme, ce Chercheur, était venu vous voir en ami, la main tendue, le cœur gonflé d’espérance, c’est-à-direpersuadé que vous alliez le conforter dans ses vues atterrantes — mais à ses yeux, sacrées — sur l’intériorité. Il va repartir, je ne dirai pas troublé, mais blessé et déçu.
« Encore un coupeur de cheveux en quatre, un con d’intellectuel ! » confiera-t-il plus tard à son épouse.

 

Stephen Jourdain, Extrait de Moi l’évidence perdue

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Des liens pour en savoir davantage : ici.

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